
La réalité de l’enfant unique
Avoir un enfant unique ou la pression d’avoir un deuxième enfant
Dès qu’on est en couple avec quelqu’un de plus ou moins sérieux, les questions commencent sur notre désir d’avoir un enfant, si nous en voulons plusieurs ou si nous voulons un enfant unique :
- À quand le bébé?
- Voulez-vous des enfants?
Comme si c’était impensable de ne pas en avoir, et comme si ces questions ne relevaient pas de la vie privée du couple.
La plupart du temps ces questions sont sans méchanceté, souvent simplement pour faire la conversation.
Mais n’empêche que la pression d’avoir un bébé se fait sentir assez rapidement.
Lorsque vient le premier bébé, à peine il est âgé de quelques semaines que les questions recommencent :
- À quand le deuxième?
Comme si c’était ancré que dès que nous avons un enfant, nous étions dans l’obligation d’en avoir plusieurs.
Notre histoire en fertilité
Tout d’abord, nous avons eu ma fille à l’aide de traitement de fertilité.
Par contre, ça n’empêche pas que nous avons tout de même eu une foule de questions au sujet de notre deuxième enfant malgré toutes les difficultés.
(Et Dieu sait qu’il y en a eu…Allo les hormones en capsules!)
Je sais bien que c’était demandé de façon bienveillante, mais n’empêche que je ressentais énormément de pression par cette question.
Je savais que j’aimerais avoir un deuxième enfant, que j’aimerais que ma fille ait un petit frère avec qui elle pourrait jouer, mais je savais aussi au fond de moi que les traitements ne me tentaient pas du tout.
À défaut d’être capable de m’assumer dans mes choix (sans jamais recevoir de pression de mon mari, bien au contraire, s’il y a bien quelqu’un de compréhensif c’est bien lui!), j’ai commencé une première fois des traitements de fertilité.
Bien vite, j’ai décidé de tout arrêter, les traitements me rendaient trop malade et ma fille avait encore beaucoup trop besoin de moi à 100% pour que je puisse me permettre d’être K.O. comme je l’étais.
Ensuite est venue plusieurs réflexions, avec toujours les mêmes questions de notre entourage.
- À quand le prochain?
- Vous ne voulez pas une trop grande différence d’âge entre les deux c’est certain!
- Vous devez bien faire ça pour qu’elle puisse avoir un petit frère ou une petite sœur avec qui jouer?
- Comment elle apprendra à sociabiliser sinon?
- Elle va devenir égoïste et centrée sur elle-même!
- Voyons qu’est-ce qu’elle va faire quand vous allez vieillir?
- Qui va s’occuper de vous?
- Qu’est-ce qu’elle va faire quand vous allez mourir?
Je ne savais pas qu’une question si personnelle entre mon mari et moi-même pouvait susciter autant de jugements et d’opinions avant même que nous soyons certains nous-même de notre décision.
Premièrement, si nous avions choisi d’avoir un deuxième enfant, en aucun cas ce serait pour faire plaisir à notre fille!
C’est une trop grande responsabilité pour le faire pour quelqu’un d’autre que nous, même si ma fille est la personne la plus précieuse à mes yeux!
Et qu’on se le dise, les relations frères/sœurs ne sont pas toutes comme dans les films, ce n’est pas toujours la joie et l’harmonie alors partager ses parents avec un autre enfant n’est pas nécessaire synonyme de jeux, de partage, d’amitié et de bonheur.
Loin de moi l’idée de dire que ce n’est pas une bonne chose, je dis simplement que je ne ferais pas ces choix-là basé uniquement pour le plaisir (sans garantie) de ma fille.
Ensuite, si nous voulions un autre enfant, ce ne serait certainement pas pour qu’il s’occupe de nous avec notre fille quand nous serions plus vieux…je ne peux pas croire que certaines personnes font des enfants pour cette raison.
Pour terminer, à notre décès, que j’espère très lointain of course, j’ai confiance que ma fille sera outillée autant personnellement pour passer au travers ces moment-là, mais je sais qu’elle sera bien entourée de par notre famille, et ses amis futurs.
La famille n’est pas garante de relation significative et importante dans la vie adulte.
Voilà pour toutes les questions et commentaires que nous avons pu recevoir, une bonne chose de régler!
Pour continuer dans notre histoire, mon enfant unique avait deux ans quand l’envie est venue se faire sentir d’avoir un deuxième bébé.
Nous sentions sincèrement l’envie profonde d’ajouter un membre à notre famille.
Nous étions tellement excités, mais est venu la pandémie du COVID-19. Alors méchant timing pour décider d’avoir un autre enfant sauf que nous savions que nous en voulions un deuxième.
Et si je devais me sentir malade suite à mes traitements, c’était le moment idéal puisque mon mari travaillait maintenant de la maison et pouvait m’aider avec notre fille pendant la journée.
Alors nous avons fait l’appel tant attendu avec notre clinique de fertilité qui faisait ses consultations par téléphone à ce moment et tout le processus s’est enclenché.
Nous avons eu nos références pour faire tous les tests prétraitements, et j’ai reçu mes prescriptions pour les traitements qui ont été directement faxé à ma pharmacie.
En un appel de 15 minutes, tout était réglé et nous étions prêts à commencer les traitements le lendemain quand je recevrais ma prescription à la maison.
Les prescriptions étaient bonnes pour cinq cycles, à la suite de quoi, si je n’étais toujours pas enceinte, je devrais avoir une autre consultation avec mon médecin et voir quel serait le plan de match pour la suite, à la réception des résultats de tests.
Nous nous sommes entendus que j’allais faire les traitements pour cinq cycles, et que si jamais ça ne fonctionnait pas, et bien que nous allions laisser tomber notre envie d’avoir un deuxième enfant.
Après tout, nous étions très heureux avec notre trio d’enfer avec notre cocotte.
Je n’avais surtout pas envie de me rendre plus loin dans les traitements qui sont déjà assez éprouvants comme ça.
Je n’étais pas prête.
Finalement, j’ai fait trois cycles complets où j’obsédais littéralement avec mes règles, mon ovulation, ma courbe de température, la planification systématique de nos relations…c’était complètement fou.
Je ne pensais qu’à ça, je ne vivais que pour ça. Je passais tout mon temps libre sur les réseaux sociaux à chercher quelqu’un qui aurait vécu exactement la même chose pour me convaincre que j’étais peut-être enceinte, que ça avait peut-être marché!
Ça c’est sans parler d’à quel point j’étais malade, que ce soit des problèmes gastro-intestinaux (causé par le metformin, puisque je suis SOPK), ou bien la fatigue, les maux de cœur, les étourdissements, la nausée, les sauts d’humeur INTENSES que je devais vivre x 10000 à cause des traitements hormonaux.
Je n’étais plus l’ombre de moi, autant avec mon mari qu’avec ma fille.
Nous vivions tous une période hyper stressante qu’est la pandémie, et je croyais que ça allait ajouter un baume d’avoir une belle raison d’être heureuse, la venue d’un nouveau petit bébé.
Mais oh que ce ne fut pas le cas!
Nous le voulions tellement ce beau bébé la, mais ça ne valait pas la peine si ça venait miner notre vie de couple, de famille et ma vie personnelle.
Bref, nous avons pris la dure décision d’arrêter les traitements après trois cycles.
C’est à ce moment que le début de la tornade d’émotions est apparu. Je suis passée par:
- le soulagement d’arrêter de souffrir,
- la peine de ne pas voir ma cocotte avec un petit frère ou une petite sœur,
- le deuil de ne pas avoir un deuxième bébé,
- la colère que ce soit si difficile pour nous (même si je sais très bien que pour plusieurs c’est tellement plus difficile encore et que je sais que j’ai eu de la chance d’avoir ma fille plutôt facilement malgré tout),
- la culpabilité (on en parle pas assez de cette mausus de culpabilité..), de ne pas être capable d’offrir a ma famille un deuxième bébé, de savoir que ma fille sera enfant unique,
- le doute de savoir si nous prenions la bonne décision,
Bref, ça été toute une semaine lorsque nous avons pris notre décision.
Mais quand j’y repensais au fond de moi-même je savais que c’était la bonne.
Je ne voulais pas que ma fille en ressente les inconvénients, c’était rendu qu’elle me demandait chaque fois si j’avais mal au cœur, si j’allais être malade, et je vous rappelle qu’elle avait seulement deux ans et demi…
C’était hors de question que ça se poursuive alors que pour elle c’était rendu bien ancré que maman était toujours malade…
Ça en plus d’ajouter au fait que jamais je n’aurais voulu qu’elle se sente ‘’not enough’’, que nous avions besoin d’un autre enfant a tout prix.
Et je n’en pouvais tout simplement plus de ne pas me sentir moi-même, physiquement mais surtout mentalement.
Une fois cette semaine passée, j’ai finalement fait la paix avec notre décision et à vraiment apprendre a apprécié encore plus notre vie de famille a trois, notre petit cocon.
On s’entend que notre cocotte est hyper heureuse avec nous, nous passons pleins de moments en famille de qualité. Nous y voyons tellement d’avantage à être une famille de trois.
Je sais que cette envie d’avoir un deuxième bébé ne me quittera jamais vraiment, cette petite pensée restera toujours dans ma tête, mais jamais elle ne vaudra notre qualité de vie.
Malheureusement nous sommes parmi ces couples qui ont plus de difficulté à tomber enceinte, c’est la vie.
Ce n’est pas simple comme par magie pour nous alors non nous n’aurons pas d’autre enfant.
Du mois, pas tant que ma fille est petite.
Nous sommes heureux comme ça.
C’est faux de croire qu’il faut avoir plusieurs enfants pour être une vraie famille, pour être une vraie mère.
Nous vivons tous des défis en tant que parent, nous vivons tous nos beaux et nos moins beaux moments.
Je me suis longtemps demandé si je voulais vraiment un deuxième enfant ou bien si c’était tellement ancré dans nos mentalités, qu’il faut avoir au moins deux enfants pour avoir une famille complète.
Je n’ai jamais été capable de répondre à cette question, mais je suis convaincue que c’est aussi ancré en moi.
En revanche, est-ce que c’est la seule raison pour laquelle je voulais un deuxième enfant? Je ne crois pas, mais bon c’est possible!
Pour être honnête, maudit que ça me faisait peur d’avoir un deuxième enfant!
J’avais tellement peur de pas l’aimer autant, même si je sais que c’est non-fondé.
J’avais peur d’avoir moins de temps pour ma fille, qu’elle se sente délaissée, elle qui a toujours été le centre de mon univers, qui perdrait sa place de bébé dans la famille.
Quand je vois ma fille jouer seule pendant de longues minutes, quand je vois son regard s’illuminer quand nous venons jouer avec elle, je sais que j’ai fait le bon choix pour NOUS, de ne pas avoir d’autres enfants.
Je vois la différence puisque je me sens mieux, je suis plus présente pour ma fille, je suis plus heureuse, et ça transparait dans son humeur et son bonheur.
Nous avons développé une si belle complicité a trois que je n’échangerais pas pour tout l’or du monde.
Non ma fille qui est enfant unique, n’est pas égoïste, elle a le cœur gros comme la Terre.
Elle n’est pas une enfant roi, bien au contraire, même si elle est enfant unique nous l’élevons avec nos valeurs et le respect est ultra important pour nous.
Elle sait partager, nous lui apprenons depuis qu’elle est toute petite, mais ça toujours été inné chez elle.
Elle est dotée d’une indépendance qui m’impressions a chaque fois.
L’empathie s’apprend, que ce soit avec une fratrie ou non.
Je suis convaincue qu’elle saura se créer des amitiés aussi profondes et importantes dans sa vie que celle d’un frère ou d’une sœur.
Bien sûr que si je repense à certains moments classiques en famille, j’aurais aimé voir ma fille avec une fratrie, mais rien ne nous empêche de créer des souvenirs tout aussi marquants et tout aussi importants entre nous, ses cousins, ses amis, etc.
Nous sommes bien, nous sommes heureux dans notre petite bulle d’amour a trois avec ma mère avec qui nous habitons, ce qui fait notre petite (pas si petite) bulle à quatre.
Voir ma fille grandir et évoluer est la plus magnifique expérience que nous avons la chance de vivre ensemble mon mari et moi.
Alors si je me fais demandé quand sera le deuxième bébé? Est-ce que ma fille restera enfant unique?
La réponse c’est que non il n’y aura pas de deuxième bébé, oui elle restera enfant unique pour l’instant.
Peut-être que plus tard nous reconsidèrerons, mais selon notre situation actuelle, c’est notre décision.
J’espère sincèrement que ce texte, ultra personnel, pourra toucher une personne à la pression que les familles d’enfant unique peuvent ressentir.

